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Dans un verre, 2 cuillère à soupe de sucre, 1 mesure de rhum, eau bouillante, tranche de citron

Grog d'Or 2023

Année après année, le Grog et son équipage (c'est nous !) désignent leurs coups de coeur de chaque mois, puis votent parmi ceux-ci pour élire le Grog d'Or, celui qui aura le plus marqué notre paysage rolistico-ludique international. Le Grog a 23 ans, voici donc les résultats des 23e Grog d'Or !

Les nominés à ce titre étaient cette année :

et les Lauréats 2023 sont :



Dune

reçoit le Grog d'Or 2023

Donjon & Cie arrive en seconde place et reçoit le Grog d'Argent.


(Dessin de David Lihard)

Le mot du Kamarade Président sur ce palmarès

Cette année, les matelots ont écouté la voix d'une certaine modernité teintée de nostalgie. Pourtant, entre l'adaptation tant attendue du classique de la littérature SF, et la satire des dungeon crawlers, il y a là un grand écart que même Jean-Claude n'aurait osé risquer.

Donjon & Cie est en lui-même un bel hommage à tout le mouvement OSR. Lequel nous fait revivre depuis des années le plaisir des premiers jeux de rôles en leur apportant toutes les avancées que des années de game design ont pu apporter à notre loisir, et les expurgeant des lourdeurs d'antan. Et en termes d'avancées, Benoît Felt en a fini par biberonner son bébé avec du Macchiato franco-irlandais de premier choix. Un choix que l'on ne peut que saluer tant le dé d'usage est l'une des plus belles mécaniques qui soit nées ces dernières années. Le bébé a ainsi grandi, et armé d'un si bel héritage, il a pu accomplir ce pourquoi il avait été conçu: rire amoureusement des travers du passé, et rire jaune des travers du monde de l'entreprise. Car Donjon & Cie est une satire des PMT des années 70 et 80 qui nous permet de voir les rouages absurdes derrière ces modules, et de les transposer dans les rouages tout autant absurdes d'un capitalisme qui dévore autant ses clients que ses agents en les dressant les uns contre les autres. Et en grand enfant qui a atteint sa maturité, il a pu ainsi aller au-delà de sa base humoristique pour devenir un véritable jeu d'aventure qui s'apprécie d'autant mieux en campagne.

Dune fut pour moi une belle surprise tant le 2d20 de Modiphius m'avait déjà séduit la première fois que j'avais pu goûter à la magie des dés de Momentum dans John Carter of Mars. Mais il aura fallu cette adaptation des romans de Frank et Brian Herbert pour que les derniers réfractaires admettent enfin de voir ses indéniables qualités. La dernière de celles-ci est d'avoir su adapter sa base aux parfums d'un univers trop riche pour se limiter aux caractéristiques brutes de ses acteurs, optant à la place pour des valeurs qui relèvent davantage des ambitions de ces derniers. Rien que ça, vous passez d'une mécanique qui vous dit comment vous abordez la confrontation, à une autre qui vous demande pourquoi vous vous battez. Et c'est l'essence même de ce jeu qui en est ainsi marquée. Réduisez aussi à feu doux le potentiel d'accumulation des dés de Momentum dans un même jet de dé, et vous garderez l'aspect épique de cet univers qu'aux instants les plus importants de la partie. Et réunissez toute votre Maison autour de votre table pour que la sauce prenne pleinement.

S'attaquer à ce classique et lui faire honneur dans un média tel que le nôtre était une gageure. Et force est de constater que Modiphius a su y parvenir haut la main. Et pour ceux qui n'en sont pas convaincus, regardez donc du côté de la campagne Masters of Dune qui est une campagne ambitieuse qui sait mélanger tous les ingrédients qui donnent son sel à cet univers. Une telle réussite se devait d'être saluée par le GRoG, aussi bien auprès de la brigade de Modiphius, qu'après de la Maison d'Arkhane Asylum qui a eu le bon goût de l'ajouter à la gastronomie française.

C'est un grand écart donc entre ces deux jeux, qui révèle une fois de plus avec les dix autres jeux du mois de cette année la foisonnante richesse du jeu de rôle. Et c'est bien pour ça que c'est le plus beau des loisirs.